En mars, le printemps revient et avec lui, Yuko et Sora partent sur le chemin des jours heureux, celui du Hanami, célébration japonaise de la floraison des cerisiers. Comme tous les ans, ils suivent le même rituel, pique-niquent et admirent les fleurs tout en gardant le souvenir d’une disparition, nichée au cœur même des dessins, de leur environnement, de leur vie.
L’histoire d’un manque
Les jours heureux est un album d’une richesse incroyable, autant sur le plan graphique que textuel mais c’est au cœur de cette abondance que se niche l’histoire d’un manque, d’une disparition, du souvenir des jours heureux qui vient hanter et sublimer les pages dessinées par Seng Soun Ratanavanh, véritable étoile montante de l’illustration jeunesse. Peinte sur bois, chaque illustration recèle, en effet, un élément manquant, laissant apparaître le bois brut, telle la blessure empreinte d'une nostalgie heureuse, laissée par la perte d’un proche et avec laquelle il faut vivre, coûte que coûte et revivre des jours heureux.
Aucun texte n’aurait pu magnifier de manière plus délicate et sensible cette histoire que ceux écrits, à la manière de haîkus japonais, par Antoine Dole, auteur de bande dessinée (Mortelle Adèle, Editions Tourbillon), de romans (Ueno Park, Actes Sud Junior) et d'albums (Le monstre du placard existe (et je vais vous le prouver!), Editions Actes Sud Junior).
Quelques mots d’Antoine Dole sur Les jours heureux
Mes différents voyages au Japon ont été l'occasion pour moi de découvrir un pays fascinant, où les émotions s'expriment le plus souvent dans la contemplation et le recueillement. Hanami est l'un de ces moments de l'année où chacun peut renouer, à travers l'éclosion des cerisiers, avec le désir de se réinventer. C'est un moment où l'on célèbre la vie et sa capacité à nous surprendre, nous relever, nous ramener dans le mouvement. C'est un temps où les souvenirs nous réchauffent et nous poussent vers une réconciliation intérieure et où, de ces drames de la vie qui nous ont mis à terre, il ne reste plus que l'amour et l'empreinte des jours heureux qui les ont précédés. C'est ce que j'ai souhaité raconter à travers l'histoire de Yuko et Sora : ceux qui nous quittent nous laissent leur force et leur amour. C'est là, au-dessus de nos têtes. Un bonheur à saisir. Une chance à se donner. C'est l'idée que demain, comme les fleurs d'Hanami, et malgré ses douleurs, notre cœur pourra recommencer à battre et éclore à nouveau.